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dimanche 6 juin 2010

Το μοιρολόι - le moiroloï

Ce matin-là, le glas sonnait par intermittence, une fois c'est la cloche de cette chapelle-ci qui sonnait, une fois celle de la chapelle près du port, une autre fois, la cloche de celle qui était vers la colline. Les nuages bouchaient l'horizon et le vent soufflait régulièrement et doucement, comme s'il voulait passer inaperçu. Une chape de silence était tombée sur le village. Les gens marchaient plus lentement, pas de rire, pas d'éclats de voix. Même les animaux restaient cois, pas de braiements, les coqs semblaient avoir renoncé à saluer le jour levant, les chiens erraient la tête basse et aucun chat ne défendait plus son territoire.

La mort avait frappé et le temps s'arrêtait en hommage au disparu.

Toute la matinée s'écoula ainsi au ralenti.

Dans la ruelle qui longeait la maison où je louais un "retiré", les chaises alignées sur le maigre trottoir accueillaient à tour de rôle, les voisins, dont la plupart étaient d'ailleurs membres de la famille, venus saluer le défunt et présenter leurs condoléances. Malgré la trentaine de personnes présentes, aucun brouhaha, encore et encore ce poids du silence.
C'est dans cette atmosphère lourde de tristesse et de fatalisme que s'éleva soudain un cri déchirant, une plainte reprise et répétée par les trois pleureuses attitrées de l'île. Elles chantaient, pleuraient, criaient, psalmodiaient le moiroloï, ce chant funèbre qui accompagne les morts jusqu'à leur dernière demeure. Elles disaient une dernière fois la vie, les souvenirs, les événements qui avaient marqué l'existence de celui qui s'était éteint. Et elles le faisaient en "professionnelles". 
Même sans lien avec tous ces gens touchés par la mort d'un grand-père, seule sur ma terrasse, je me suis surprise à pleurer.



Un miroloï d'Epire

3 commentaires:

  1. Bien émouvant...
    Que de rites différents peuvent entourer la mort, ou le deuil...

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  2. C'est émouvant ... et c'est fait pour nous tirer les larmes, comme tous ces rites prolongés du deuil qui devraient consoler les gens. Mais je me suis souvent posé la question si ces démonstrations ne font pas qu'accumuler la tristesse ?

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  3. on est vraiment encore là dans le creuset des rites de la Grèce antique avec le EHEHU ! des lamentations : plein de puissance évocatrice!

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