Envie de voyage ?

dimanche 24 octobre 2010

Koroni-Athènes en bus


Prendre le bus pour se rendre de Koroni à Athènes, cela commence par un petit café à la station, pour une dernière cigarette, tout en regardant la rue commencer à s'animer avec les élèves qui rejoignent leur collège, les échoppes qui ouvrent les unes après les autres. Enfin le bus arrive et fait de savantes manoeuvres pour tourner sur une place qui semble bien petite pour lui. Ensuite, il s'agit de trouver sa place – chaque bus est un peu différent – en cherchant les numéros, soit sur le dos du siège, soit sur le porte-bagage en hauteur, soit sur l'accoudoir. 

Et puis c'est le plaisir de redécouvrir, haut perchée, le paysage maintes fois parcouru en voiture. L'interdiction de fumer est formelle, mais comme nous ne sommes pas bien nombreux, le chauffeur s'octroie une petite faveur. Je suis tentée de lui demander si je peux en faire autant, mais je n'ose pas et me contente de mâchouiller une nicorette. Il klaxonne volontiers en signe de bonjour, lorsqu'il passe devant un atelier dans lequel doit travailler l'un de ses amis, il répond aux appels qu'il ne cesse de recevoir sur son portable et entame une discussion assidue avec l'un des passagers qui lui a fait signe de s'arrêter sur la route. Il redescendra d'ailleurs un peu plus loin, toujours au milieu de nulle part.
Au départ de Kalamata, le bus est presque plein. Il y a ceux qui se rendorment aussi sec, ceux qui papotent de tout et de rien et celui qui lit avec perplexité la page économique de son journal. En tendant l'oreille j'apprends que la soeur d'un beau-frère portait une robe vraiment trop courte au mariage d'une quelconque nièce. Le paysage change, on traverse la plaine un peu monotone sous la pluie. Je sors un roman de mon sac et me retrouve à Paris, en compagnie de Nina Berberova.

A Tripoli, dix minutes d'arrêt qui permettent à chacun de se ruer sur la cafétéria pour acheter une pita, un café frappé et fumer une cigarette. A l'heure dite, le chauffeur reprend sa place, mais une dame s'écrie : "Ne partez pas, il manque une dame". Il se lève, et compte les passagers. "35, il en manque même deux ! ". Il retourne s'asseoir au volant, et lance un petit coup de klaxon. Une femme sort de la cafétéria et lui fait signe d'attendre encore deux minutes, un jeune homme, oreille collée à son téléphone portable, débouche lui aussi et fait mine de courir, mais le chauffeur lui fait signe de ralentir, qu'il a encore tout le temps. Enfin, la femme revient serrant dans ses bras un gros paquet cadeau rose. Quand elle passe devant lui, le chauffeur la complimente et souhaite longue vie à sa petite fille.


On s'engage sur l'autoroute et je replonge dans mon bouquin. Juste après le canal de Corinthe, j'interromps ma lecture. Je sais que l'on va retrouver la mer. Même si le paysage est plutôt industriel, avec ses tankers, et ses réservoirs de pétrole, à chaque fois, sous le vent, sous la pluie, qu'importe, la mer est là, dans toute sa splendeur. Elle scintille, même si les nuages lui donnent un air de petit matin.

Dès Elefsina, la circulation s'intensifie et le bruit extérieur couvre les voix de mes voisins. On traverse les banlieues ouest par la grande avenue Athinon. Foison d'entreprises, de magasins, de dépôts, d'enseignes, de placards publicitaires. Mais si l'on jette un oeil dans les rues perpendiculaires, on découvre, à l'arrière, des quartiers d'habitation avec des balcons fleuris, des boulangeries qui doivent sentir bon, des kafeneio où siègent immanquablement un ou deux vieux faisant tourner leur komboloï, une école et son préau, un boucher se faisant livrer des porcs. 

Je termine le roman et ça tombe bien, on arrive à la gare routière. Les taxis attendent, mais comme tous ceux qui ne sont pas attendus, je me contente du bus pour Omonia.


9 commentaires:

  1. Ah le joli trajet ! Long, bien sûr, mais bien agréable : un petit voyage. La lecture de ton billet me donne envie de tout lâcher et de partir droit devant ! Merci !

    RépondreSupprimer
  2. Je ris car j'imagine les mêmes circonstances en France,où tout finit par être,minuté, interdit,parfois je me demande si un jour nous aurons encore le droit et le temps de respirer!
    Bon dimanche

    RépondreSupprimer
  3. Superbe descriptif d'un voyage grec! Il y a tout: humanisme, lenteur, et contemplation....même un peu de lassitude!

    RépondreSupprimer
  4. @toutes : merci de vos commentaires. Un jour je vous raconterai le trajet Athènes-Nauplie : c'est toute une autre ambiance.

    RépondreSupprimer
  5. hello ! c'est bon de voyager dans un pays au que le sien les odeurs les mets
    à bientôt merci du partage

    RépondreSupprimer
  6. J'aime beaucoup la façon dont tu racontes ce trajet en bus. Je m'y voyais...
    BISOUS Amartia.

    RépondreSupprimer
  7. Très joli récit. J'attends avec impatience le trajet Nauplie-Athènes. A très bientôt

    RépondreSupprimer
  8. Clic, clic, clic, j'hypertexte et j'arrive ici, sur cette photo d'ouverture superbe.
    Jolie rencontre, jolie visite, merci

    RépondreSupprimer
  9. J'aime beaucoup les voyages en car ici. La seule chose: veiller à s'asseoir sur le bon siège numéroté et correspondant à son billet. Sinon ! gare ! C'est l'une des rares causes de sources de conflit ...

    RépondreSupprimer