Fraises sauvages

Rien à voir avec Bergmann mais c'est vraiment au propre que j'utilise ce terme. Sinon, comment qualifier l'attaque au fusil de chasse dont ont été victimes des travailleurs clandestins du Bangladesh, employés à la culture des fraises en Elie, au sud de Patras. Une vingtaine d'entre eux ont été blessés, dont plusieurs sont encore hospitalisés. 

Leur seul "tort", avoir osé réclamer le paiement de 6 mois de travail, lorsqu'ils se sont rendus compte que les chèques qui leur avaient été distribués étaient en bois. 

L'histoire fait grand bruit en Grèce, même s'il a fallu attendre deux jours avant que le gouvernement ne condamne cet "événement isolé" !

Une campagne de boycott a été lancée, ce qui veut dire renoncer à manger toute fraise se retrouvant sur le marché, puisque les 95% de la production grecque provient de la région de Manolada. (Chose que je ne savais pas, lorsque je me suis rendue au marché hier matin.)

Même en fin de matinée, les stands étaient encore bien achalandés et les revendeurs n'étaient pas étonnés qu'avant de passer commande je leur pose la question de leur provenance. La réponse était soit timide et sur le ton de l'excuse, soit plus arrogante sur le ton du défi qu'il me lançait d'en trouver qui aurait été cultivées ailleurs. 

Celui-ci, en tout cas, en avait affiché la provenance directement sous le prix.  

Mais quelle ne fut pas ma surprise en voyant les cageots contenant celles-ci : "Le paradis de Strofylias"

Si le paradis ressemble à ça, je préfère encore m'en passer (et des fraises et du paradis) !

photo du web

Ce n'est pas que je découvre la condition des travailleurs clandestins en Grèce, mais ce qui m'inquiète plus que tout, c'est le silence complice avec lequel les autorités couvrent les exactions, voire les crimes, commis contre cette population, encourageant en cela le sentiment d'impunité de certains exploitants/teurs et favorisant la montée du racisme et du mouvement de l'"Aube dorée".