Lors de mon séjour en Suisse pendant les fêtes de fin d'années, je suis allée visiter la nouvelle exposition permanente du Musée International de la Croix Rouge.
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Carl Bucher : Les Pétrifiés 1979 |
Alors que j'ai habité à Genève pendant des années, jamais il ne m'était venue à l'idée d'entrer dans ce musée, mais c'est mon fils, qui a collaboré à la réalisation de cette exposition , qui m'y a emmenée. Eh bien je n'ai pas été déçue, bien au contraire.
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George Segal : Henri Dunant |
J'avais gardé en tête l'image d'une Croix Rouge triste et faisant appel à la pitié et à la compassion, un peu à l'image de la sculpture de Carl Bucher. Or j'ai découvert une organisation qui se tourne résolument vers la solidarité, le respect et la promotion de la dignité humaine et qui, par le biais d'une exposition interactive, donne une image d'elle-même, très combative.
Et quand je dis interactive, ce n'est pas un vain mot.
Trois thèmes sont présentés : défendre la dignité humaine, reconstruire le lien familial et limiter les risques naturels. Le fil rouge de l'exposition est constitué de douze témoins de l'action du CICR et, pour que ceux-ci nous livrent leur témoignage, nous devons, en tant que visiteur, entrer en contact avec eux. Par exemple, en appuyant notre main sur celle de ce jeune homme
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MICR |
on déclenche la bande sonore et il s'anime pour nous raconter son expérience et comment, après avoir été enfant soldat, il a retrouvé sa dignité grâce à l'intervention d'une employée de la Croix Rouge. Dans une autre salle, nous devons nous asseoir en face du témoin, lui-même assis, pour entendre son témoignage, un peu comme si l'on entamait une conversation. Et c'est ce qui, à mes yeux, constitue l'élément le plus réussi de cette exposition, cette impression d'être partie prenante et de ne plus pouvoir dire : "Je ne savais pas".
J'ai été touchée par les objets confectionnés par des prisonniers politiques ou de guerre et qui ont été donné à des représentants de la Croix Rouge lors de leurs diverses missions, et par celui-ci en particulier, bien sûr
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Réalisé par un prisonnier Grec en 1968 |
Une autre salle émouvante, située dans la partie concernant le rétablissement du lien familial, est celle consacrée aux archives des prisonniers de la guerre 14-18. Outre les fiches, on nous explique, documents et méthode à l'appui, toute l'action de l'Agence Internationale des prisonniers de guerre pour leur permettre de correspondre avec leur famille ou pour permettre à ces dernières de retrouver un de leur membre disparu ou mort. Et puis il y a ce mur impressionnant, recouvert de photos de gamins du Ruwanda ayant perdu tout contact avec leur famille lors des massacres pas si lointains que cela.
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Enfants à la recherche de leur famille au Burundi |
Enfin, pour illustrer le rôle du CICR dans le domaine des catastrophes naturelles, le musée a décidé de mettre l'accent sur la prévention. Afin d'illustrer l'idée que des milliers de morts ne sont pas une conséquence obligatoire de ces événements, les visiteurs sont invités à prendre pas à un jeu qui consiste à toucher de la main des photos de personnes, apparaissant aléatoirement autour d'une grande table, afin de les sauver. Une fois le temps imparti, un décompte des personnes sauvées est annoncé. Une série d'affiches rappellent les actions menées par le CICR lors de nombreux cataclysmes. En voici une lors d'inondations en Turquie, avec le symbole du Croissant Rouge, propre aux pays musulmans.
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MICR |
Les messages sont simples et efficaces. Ma petite fille, 9 ans, a été passionnée et nullement apeurée, même si les témoignages et les situations présentés sont graves. Il faut dire que les enfants peuvent bénéficier d'un accompagnement audio à leur portée, notamment quant aux explications données.
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Objet fabriqué par un prisonnier, Argentine, 1982 |
Une exposition intelligente, qui vous fait réaliser à quel point les liens de solidarité entre les humains sont importants.