lundi 5 juillet 2010

Médée



En écho à la présentation de la Corinthe antique sur mes escapades, je reviens sur la légende de Médée et du meurtre de Glauké, en vous livrant un extrait du monologue de Médée, tiré de la pièce éponyme d'Euripide (GF, 1966, traduction H. Berguin et G. Duclos).

(...) Ecoute des paroles qui ne sont pas pour te plaire. J'enverrai un de mes serviteurs auprès de Jason pour le prier de paraître à ma vue. Quand il sera venu, je lui dirai de douces paroles, que nous sommes d'accord, qu'il fait bien de nous abandonner pour contracter alliance avec la princesse, que ses décisions sont utiles et heureuses. Je lui demanderai que mes fils restent ici, non que je veuille les laisser sur une terre hostile exposés aux outrages de mes ennemis, mais pour tuer par mes ruses la fille du roi. Car je les enverrai les mains chargées de cadeaux les porter à la jeune épousée pour qu'on ne les bannisse pas de ce pays : un voile fin et un diadème d'or ciselé. Si elle prend la parure et la met sur sa peau, elle périra dans d'horribles souffrances et avec elle quiconque la touchera, tellement seront violents les poisons dont j'imprégnerai ces présents. – Mais ici je m'arrête et je pleure sur l'action qu'il me faut accomplir ensuite. Car je tuerai mes propres enfants; il n'y a personne qui puisse les arracher à la mort. Et quand j'aurai bouleversé toute la maison de Jason, je sortirai du pays, m'exilant pour le meurtre de mes fils bien-aimés, après avoir osé le plus sacrilège des crimes. Non, je ne puis supporter, mes amies, d'être la risée de mes ennemis. (...)"

Le thème de Médée a été repris non seulement au théâtre, mais au cinéma, en peinture, en sculpture... Si, à mon goût, la Médée de Pasolini, avec la Callas, a beaucoup vieilli, je me rappelle avec émotion de la version tournée par Jules Dassin, avec Mélina Mercoury et Ellen Burnstyn, a "Dream of passion", dont voici un extrait :


La scène est la suivante :

"Amies, mon acte est décidé : le plus vite possible je tuerai mes fils et m'enfuirai loin de ce pays pour ne pas, par mes lenteurs, exposer mes enfants à périr par une main plus hostile. Il faut absolument qu'ils meurent. Puisqu'il le faut, c'est moi qui les tuerai, qui les ai mis au monde, Allons ! arme-toi, mon coeur ! Que tardons-nous ? Reculer devant ces maux terribles, mais nécessaires ! Va, ô malheureuse main, prends un glaive, prends; marche vers la barrière d'une vie de chagrins. Ne sois pas lâche. Ne te souviens pas de tes enfants, que tu les adores, que tu les as mis au monde. Allons ! pour cette journée du moins, oublie tes fils : après, gémis ! Car si tu les tues, pourtant ils t'étaient chers; et je serai, moi, une femme infortunée !

4 commentaires:

  1. Merci l'extrait de Medea ... une scène pleine d'émotions. Amicalement, @nne

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  2. ... et merci pour le lien vers "Balkanophonie". J'adore "xorepse mou tsifteteli" de la belle Rosa Askenazi! @nne

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  3. quelle destinée tragique!!
    Mon fils ainé , lors de ses études d'arts appliqués avait travaillé sur le thème de" Médée " , imaginant des maquettes de décors , écoutant des extraits de l'opéra avec Maria Callas ..

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  4. J'ai assisté à une représentation du Théâtre national grec à Epidaure, il y a quelques années de cela, et j'en garde un souvenir très fort. La mise en scène joue un très grand rôle dans ces pièces que l'on a vues plusieurs fois.

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