samedi 13 novembre 2010

Το φεγγαρι - la Lune

Je suis en train de lire "Au coeur des mythologies" de Jacques Lacarrière et avant même que de l'avoir terminé, j'en extrais un passage concernant la Lune, si chère aux Grecs. (Dans un prochain billet, je reviendrai sur le nombre de chansons populaires qui ont pour thème la lune, ses bienfaits et ses maléfices).

"Si le soleil est l'oeil du jour, la lune est tout naturellement l'oeil de la nuit. Un tel parallélisme n'a guère besoin d'être justifié. Tous les peuples ont considéré que ces deux yeux, qui ne se rencontrent pourtant jamais dans le ciel, si ce n'est aux rares intervalles des éclipses, appartenaient à un même visage divin. Quelle que soit la nature de leurs rapports, qu'ils soient frère et soeur, mari et femme, associés ou rivaux dans la quête du pouvoir suprême sur les hommes, aucun mythe ne met en doute l'existence de ces rapports. (...)
Elle (la lune) intervient, tout comme le soleil, dans la vie et dans les visions des hommes mais par les voies du fantastique, de l'ombre et de la confusion. Elle commande aux forces nocturnes, et crée sur la terre une atmosphère d'angoisse et d'irréalité. Et surtout, à la différence du soleil, elle ne reste jamais intacte dans le ciel : chaque mois, elle diminue, change de forme, se mue en un fin croissant aux cornes menaçantes et disparaît pendant trois jours. Quand elle réapparaît fragile et minuscule, c'est pour retrouver sa forme première et recommencer le même cycle de disparitions et de réapparitions sans fin. Elle a, en somme, une "histoire" mystérieuse, dramatique, vite assimilée à celle d'une mort et d'une résurrection périodiques. C'est pourquoi, dans les mythes les plus anciens, la lune gouverne à la fois la Mort et l'Immortalité."

Ce lien entre le soleil et la lune est encore très présent et on trouve dans les jardineries des céramiques décoratives réunissant le soleil et la lune.

Une autre particularité de la lune, qu'elle soit mâle ou femelle - est celle de la séduction. J. Lacarrière nous raconte le mythe grec d'Endymion :

"Endymion était un berger très jeune et très beau. Une nuit qu'il dormait dehors, à l'entrée d'une caverne du mont Lathos, Séléné l'aperçut et en devint amoureuse. Elle gagna la terre séduisit Endymion, s'unit à lui : de leurs amours nocturnes naquirent cinquante filles. Pour ne pas perdre son amant et lui garder sa jeunesse et sa beauté, Séléné obtint de Zeus qu'il lui procurât un sommeil éternel. Ainsi le bel Endymion s'endormit-il pour ne jamais se réveiller et Séléné peut, tout à son aise, contempler chaque nuit son beau visage et ses traits éternellement jeunes..."

artiste inconnu

Ainsi le pouvoir de la Lune – si agréables ou séduisantes que soient ses amours – risque d'être fatal à celui qui lui est soumis. Ce sommeil éternel d'Endymion ressemble fort à une mort déguisée, à une sorte de pétrification par la Lune. De fait, dans la plupart des mythes lunaires de "séduction" d'un homme ou d'une femme, le partenaire paie cruellement l'amour du dieu."

2 commentaires:

  1. Très belle cette céramique mi-lune, mi-soleil...

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  2. Oui, la céramique est belle ... le texte est intéressant aussi ! J'aime bien l'allégorie de la lune. On peut se poser la question ? Qui accoucha de cinquante filles, la lune ? L'histoire semble glisser comme chat sur braise ...

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