Le kafeneio c'est l'atmosphère enfumée, les grands miroirs aux murs, le cliquetis des komboloïs, le claquement des jetons du tavli (backgammon), les apostrophes d'une table à l'autre à propos de la dernière récolte et c'est, surtout, le café grec que l'on boit à petites gorgées, en évitant soigneusement le marc qui tapisse le fond des minuscules tasses et en faisant durer le plaisir autant que le coeur nous en dit.
Tinos (04.10.2018) |
Tout se passe à l'intérieur. Il y a bien quelques fois une ou deux tables sur le trottoir, entourées de chaises parallèles où l'on se tient côte à côte.
Cythère (02.10.2014) |
Je ne suis pas entrée souvent dans ces lieux qui restent principalement destinés aux hommes. Dans ma rue il y en a un qui a gardé le mobilier de l'époque, avec une petite table d'appoint pour y poser sa consommation et réserver la plus grande pour le plateau du tavli. C'est dans ce kafeneio-là que, après un enterrement, la famille du défunt offre un petit verre de cognac aux amis et voisins.
Nauplie (04.08.2018) |
Je garde en mémoire le souvenir d'un kafeneio dans lequel je n'ai pas pu entrer. C'était en tout début janvier 1988, peut-être 1989, à Lesbos. Il neigeait, il faisait un froid de canard et le chauffage de la voiture de location ne marchait pas ! Ayant besoin de nous réchauffer, mon amie et moi, nous nous sommes arrêtées dans le village de Agia Paraskevi - je me rappelle encore du nom du village ! - car nous avions repéré un kafeneio sur la place centrale. Un coup d'oeil à travers les vitres embuées nous a rassurées, le village était désert, mais le kafeneio était ouvert car plein à craquer. Au moment où nous posions la main sur la poignée de la porte, le patron, un moustachu, haut de taille et large d'épaules, est apparu. En croisant les bras sur son imposant ventre, il a déclaré d'un ton ferme : "C'est fermé !". Nous avons bredouillé une supplique, vu le froid... "C'est fermé, je vous dis !". C'était sans appel. Nous l'avons traité de tous les noms mais seulement après avoir regagné la voiture.
Une anecdote qui me rappelle un certain village - moi j'en ai oublié le nom! - sur la route du Montenégro, où seul M. Gine a pu se faire servir un coca... il faisait au moins 36°C... Heureusement, je garde tant d'autres bons souvenirs de ces kafeneio, avec le thé offert "aux jeunes mariés", à boire avant le café du matin, pour "reconstituer vos forces"! Et tant d'ouzos ou de pichets de vins offerts, eux aussi! Vivement que la vie d'avant puisse reprendre!
RépondreSupprimerLe kafeneio en fait c'est la vie du village ou de la rue. Il est beau ton article.
RépondreSupprimerBonne journée, bises
Le cafetier appartenait à "Machistes sans frontières" !
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